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Raimon de Miraval: Chansoneta farai, vencut (contre Azalaïs de Boissézon)

 RdeMira

Chansoneta farai, vencut [PC 406, 21]
Raimon de Miraval, trobador audois (XII-XIII° siècles)
Source : Martin de Riquer, Los Trovadores, vol. II, pp. 988-991
Edition : Topsfield
Texte de référence pour la création Crozada d’Uei 1 : L’Avilissement.
Traduction Patrick Hutchinson

Je ferai une chansonnette, vaincu
Puisqu'elle m'a donné la gale,

Et sachez, depuis qu'on s'est vus,
Que nos rangs se sont augmentés
D'un nouvel heureux, que tout le monde étale
Combien « Sa Seigneurie » à fière mine !
Maintenant sais que les pierres d'Alzonne
Se toucheront, quand richesse entre premier.

Si j'en ai eu joie entière
A l'heure je veux en être pur,
Car pour le nom de cornard
Ne veux de Byzance l'Empire.
J'aime une autre qui mieux récompense
Avec ses seules paroles que celle que je perds;
C'est à tort qu'on excuse le faux amour
Et une dame déchoit qui se renie pour de l'argent.

Lui aurait fait d'autres cadeaux
Qui lui auraient valu autant
Ou plus, mais elle n'aime pas les chants,
Elle s'en plaindrait bien plutôt
En disant que je fais trop parler d'elle
Qu'elle préfère ne pas être connue si loin;
Il lui vaudrait mieux être en enfer
Que de vendre sa beauté en la faussant.

 A « Fous-moi dehors » je la confie,
Je n'en veux plus aucune part,
Je ne lui connais même plus de tort
A part celui qu'elle fit à Mon Audiart* :
Aï ! Faux bouclier, qui se laissa fendre
Si vite que nul n'oserait s'y abriter,
J'ai à coeur de te le faire cher vendre.
Si je t'ai exaltée, je te ferai descendre.

Ai Las ! Comme je meurs de désir
Pour la belle qui sans malice
Vit, parfaite, sans artifice,
Et n’aimerait jamais un vil bâtard.
Si seulement elle veut accorder son coeur
Au mien, tout autre joys en serait moindre,
Et si d’un baiser elle veut me faire le don,
Point sera besoin de venir me prendre.

 Chanson, va-t-en à mon Plus Loyal**,
Dis-lui que j’en connais une à vendre.

*Senhal du comte Raimond VI de Toulouse
**Senhal d'une dame inconnue