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Cantiques contre pièce de théâtre, récital catholique au Théâtre Garonne

TOULOUSE, le 16/11/2011

altLa petite équipe agenouillée de cinq ou six catholiques qui a réussi à s'infiltrer devant le théâtre de la rue du Château d'eau a le plus grand mal à chanter ses cantiques, entourée qu'elle est d'une joyeuse bande hurlant l'Internationale autour d'elle.

Maintenus à distance par deux cordons de policiers, le père Marcillac venu de Caussade, les huit moins capucins venus de Fleurance et la cinquantaine de catholiques militants sont au moins accompagnés d'une fanfare de cuivres. Ils ont moins de mal à se faire entendre quoique pris sous les chants paillards et autres quolibets.

Á 20 heures, Golgota Picnic, pièce jugée blasphématoire par les fondamantalistes chrétiens pouvait toutefois être donnée, protégée par les tenants de la liberté d'expression appelés à manifester par la Ligue des Droits de l'Homme. Le job de la soixantaine de policiers en tenue anti-émeute consiste seulement à tenir les deux camps à distance :

Pour toute réponse aux questions qui lui sont posées, le père Marcillac récite le “Je vous salue Marie”. Les agents en civil de la force publique notent à 18h30 n'avoir encore repéré aucun des militants de Civitas, institut à l'origine de la mobilisation contre la pièce de Rodrigo Garcia.

Le directeur du théâtre s'inquiéte toutefois de la soirée de samedi prochain 19 novembre, date à laquelle ledit institut appelle à une manifestation nationale devant sa salle.

Á la question connaissez-vous le contenu de cette pièce qui n'a jamais été présentée en France, Gilles, militant catholique se présentant comme «anti-christophobe», répond que oui, «grâce à Internet». Sauf qu'Internet ne diffuse pas la pièce, sinon les commentaires religieux intégristes ou fondamantalistes qu'elle suscite.

Le directeur parisien du Théâtre du Rond-Point où Golgota Picnic sera donné en suivant est ce soir au Garonne, par solidarité et pour la défense de la liberté de création et d'expression.
LibéToulouse a reçu de l'un de ces manifestants catholiques une médaille de la Vierge Marie. Les affreux de la Ligue des Droits de l'Homme n'avaient même pas un auto-collant à distribuer...

Commentaire posté sur le Blog de Libétoulouse.fr

Bonsoir,

En effet, ces catholiques intégristes étaient peu nombreux. Il est d'ailleurs regrettable qu'ils ne prennent pas le temps de voir la pièce pour savoir contre quoi ils se battent au vu de ce que l'on peut entendre et lire, il y a de nombreuses erreurs... En outre, n'y a t il pas des causes plus nobles et plus importantes pour se mobiliser au vu de l'état de notre monde aujourd'hui? Se battre pour la censure et contre la liberté d'expression n'est il pas un risque de nos jours? Souhaiter censurer un spectacle et faire de la pression sur un théâtre en proclamant des menaces par téléphone et mail puis des prières me semble en effet un geste désuet.

Le travail de R. Garcia "ose proposer un théâtre politique qui alerte les spectateurs sur les dangers de la consommation, contestant la mondialisation et dénonçant la concentration des pouvoirs. Son théâtre nous éclaire sur sa vision d’une certaine réalité sociale de l’Occident actuel, laissant entrevoir un homme en proie à un environnement qui l’opprime, le tyrannise, un monde où la notion de valeur n’est plus que marchande. Il met en scène un homme en révolte et aussitôt le tourne en dérision, offrant le spectacle à la fois dégradant et ridicule d’un humain soumis à des stimulus, ce spécimen qui, remplissant son caddie au supermarché, achète inévitablement les produits par lot car l’inscription « 2 pour le prix d’1 » est un argument, comme chacun sait, irréfutable." (extrait de Eleni Papalexiou, "Le théâtre politique de Rodrigo Garcia").

Enfin il ne faut pas oublier que ces manifestations sont au départ lancé par l'Institut Civitas, mélange malsain de politique et de religion proche de mouvement de l’extrême droite. Comme le rappelle le journal La Croix, l’Institut Civitas est un des héritiers directs de la Cité catholique, fondée au lendemain de la Seconde Guerre mondiale par Jean Ousset (1914-1994). Disciple de Maurras, hostile à la Révolution française, il avait décidé de se consacrer à la formation d’une élite politique capable de contribuer au renouveau de la France. En 1960, les évêques de France mettront fermement en garde contre les « dangers » de la Cité catholique dont l’influence est grande dans l’armée, notamment en Algérie où Verbe, la revue de la Cité catholique, justifie la torture au nom de saint Thomas d’Aquin." Leur objectif étant de rétablir "l'ordre chrétien". Ils refuse « l’évolution moderniste » de l’Eglise impulsée par le concile Vatican II et sont homophobe, anti-ivg, contre la laïcité et l'islam... en résumé un groupe fasciste d'ultra-catholiques intolérants et irrespectueux de son prochain...

Au final, j'inviterais tous les détracteurs de cette pièce et de celle de R. Castellucci à venir voir cette œuvre et ouvrons un débat sur les liens entre l'art, la religion et la censure!

Salutations à toutes et à tous!

LV